Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/440

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et Hellanicus, ayant exposé en peu de mots la grandeur de leurs calamités, conjurent les soldats étrangers de venir au secours des Syracusains, et d’oublier les mauvais traitements qu’ils en ont reçus, attendu que les Syracusains en étaient plus rigoureusement punis que ne l’auraient désiré les plus maltraités d’entre eux.

Quand ils eurent fini leur discours, un profond silence régna dans l’assemblée. Dion se leva ; mais il n’eut pas plutôt commencé à parler, qu’un torrent de larmes lui étouffa la voix. Les soldats étrangers, touchés de sa douleur, l’exhortèrent à prendre courage. Enfin, s’étant remis, il reprit en ces termes : « Péloponnésiens, dit-il, et vous, nos alliés, je vous ai assemblés ici afin que vous délibériez sur ce qui vous touche personnellement ; car ce serait chose honteuse à moi de consulter sur ce que je dois faire, quand Syracuse est sur le point de périr. Si je ne puis la sauver, j’irai du moins me jeter au milieu des feux qui la consumeront, et m’ensevelir sous ses mines. Pour vous, si vous êtes résolus de nous secourir encore cette fois, nous les plus imprudents et les plus malheureux des hommes, venez relever une ville qui est votre ouvrage. Que si les justes sujets de plainte que vous avez contre les Syracusains vous portent à les abandonner, je prie les dieux de vous récompenser dignement de la vertu et du zèle que vous m’avez précédemment témoignés. Souvenez-vous de Dion, qui ne vous a point abandonnés, alors que ses concitoyens étaient injustes envers vous, et qui maintenant n’abandonne pas ses concitoyens dans l’infortune. » Il parlait encore, quand les troupes étrangères se lèvent en poussant de grands cris, et le pressent de les mener sur-le-champ au secours des Syracusains. Les députés, pleins de reconnaissance, les serrent dans leurs bras, et leur souhaitent, à eux et à Dion, tous les biens que les dieux peuvent accorder aux hommes. Lors-