Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/507

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ficiers, nommé Titinius, pour s’en assurer. Les cavaliers de Brutus ayant aperçu cet homme, un des plus fidèles amis de Cassius, ceux qui le connaissaient mettent pied à terre, le reçoivent au milieu d’eux, et le comblent de caresses ; les autres l’entourent à cheval avec des cris de victoire, et font retentir toute la plaine du bruit de leurs armes.

Mais ces démonstrations de joie furent cause du plus grand malheur : Cassius crut que c’étaient les ennemis qui enveloppaient Titinius. « Trop d’attachement pour, la vie, dit-il à ceux qui l’environnaient, m’a fait attendre jusqu’à voir un de mes amis enlevé par les troupes ennemies. » En disant ces mots, il se retire dans une tente abandonnée, entraînant avec lui un de ses affranchis, nommé Pindarus, qu’il avait toujours gardé auprès de lui pour une telle nécessité, depuis la défaite de Crassus. Lui qui avait échappé aux Parthes, à ce moment il se couvre la tête de sa robe, tend la gorge à cet homme, et lui commande de lui trancher la tête ; car on la trouva séparée du corps. Toutefois, comme Pindarus ne reparut plus après la mort de Cassius, quelques-uns soupçonnèrent qu’il avait tué son maître sans en avoir reçu l’ordre. On ne tarda pas à voir arriver la cavalerie de Brutus, précédée par Titinius, une couronne sur la tête. : il avait pris les devants pour rejoindre plus tôt Cassius ; mais, quand les cris, les gémissements et le désespoir de ses amis lui eurent fait connaître la mort de son général et ce qui l’avait trompé, il tira son épée, et, après s’être reproché amèrement sa lenteur, il se tua.

Brutus, informé de la défaite de Cassius, hâta sa marche, et apprit sa mort quand il fut près du camp. Il pleura sur son corps ; il l’appela le dernier des Romains, persuadé que Rome ne produirait jamais un homme d’un si grand courage ; ensuite il le fit ensevelir, et l’en-