Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/561

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ARATUS.


(De l’an 272 à l’an 214 avant J.-C)

Le philosophe Chrysippe[1] mon cher Polycratès, citant un ancien proverbe, dans lequel il trouvait sans doute un mauvais sens, le rapporte non tel qu’il est, mais bien comme il a cru qu’il devait être :

Qui louera un père, sinon des fils heureux ?

Mais Dionysodore de Trézène[2] blâme ce changement, et rend le proverbe dans ses propres termes :

Qui louera un père, sinon des fils malheureux ?

Et il ajoute que le but de ce proverbe est de fermer la bouche à ceux qui, n’ayant aucun mérite personnel, se parent des vertus de leurs ancêtres, et ne cessent de les louer outre mesure. Quant à ceux en qui éclate naturellement, pour me servir des termes de Pindare, la noblesse transmise par leurs pères, ainsi qu’on la voit briller en toi, qui conformes ta vie aux plus parfaits modèles que t’ont laissés tes aïeux, ceux-là trouvent un véritable bonheur à se ressouvenir des hommes vertueux qui ont honoré leur famille, et à entendre raconter, ou à raconter eux-mêmes les belles actions qu’ils ont faites. Car ce n’est

  1. C’est le célèbre stoïcien, qui fut chef du Portique après Zénon et Cléanthe.
  2. Écrivain inconnu d’ailleurs.