Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/562

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point faute de vertus personnelles qu’ils font dépendre leur réputation de louanges étrangères, ajoutant leurs propres actions à celles de leurs ancêtres : ils les louent non-seulement comme étant les auteurs de leur race, mais encore comme les modèles de leur vie. Voilà pourquoi je t’envoie la Vie d’Aratus, ton concitoyen et l’un de tes ancêtres, dont tu honores la mémoire, et par la gloire que tu t’es acquise, et par le pouvoir dont tu es revêtu : non que je ne sois persuadé que, plus que personne, tu as eu soin de t’instruire en détail de tout ce qu’il a fait de bien, mais parce que je veux que tes deux fils Polycratès et Pythoclès soient élevés parmi ces exemples de vertus domestiques, en lisant eux-mêmes, ou en entendant raconter ce qu’ils doivent imiter. Car c’est le propre d’un homme amoureux de soi-même, et non du beau et de l’honnête, de se croire plus parfait que les autres.

Après que l’aristocratie pure et véritablement dorienne eut été détruite à Sicyone, ainsi qu’une harmonie qui tombe dans la confusion, et qu’elle eut fait place aux séditions, et aux intrigues ambitieuses des démagogues, la ville ne cessa d’être agitée de troubles et de maux politiques. Elle passa successivement d’un tyran à un autre tyran, jusqu’à ce que, Cléon ayant été mis à mort, les Sicyoniens eurent élu pour magistrats Timoclidès et Clinias, les deux personnages qui avaient le plus de réputation et d’autorité dans la ville. Le gouvernement commençait à se rétablir, lorsque Timoclidès mourut. Alors Abantidas, fils de Paséas, s’empara de la tyrannie, et tua Clinias. Tous les amis et les parents de Clinias furent chassés ou mis à mort. Abantidas cherchait aussi Aratus, fils de Clinias, alors âgé de cinq ans, pour le faire périr ; mais cet enfant, à la faveur du désordre et de la confusion dont la maison était remplie, avait pris la fuite avec les autres. Après avoir erré par la ville, saisi de frayeur et