Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/625

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Après que Vindex eut ouvertement déclaré la guerre à Néron, il écrivit à Galba une seconde lettre, pour le presser d’accepter l’empire, de se donner pour chef à un corps puissant, aux Gaules, qui avaient déjà cent mille hommes sous les armes, et qui pouvaient en lever un plus grand nombre encore. Galba en délibéra avec ses amis : plusieurs lui conseillèrent de ne se pas hâter, et d’attendre, pour voir quels mouvements exciterait dans Rome la nouvelle de ce changement. Mais Titus Vinnius, capitaine d’une cohorte prétorienne, prenant la parole : « Galba, dit-il, pourquoi délibérer ? Chercher si nous demeurerons fidèles à Néron, c’est déjà lui être infidèles. Il faut, ou accepter l’amitié de Vindex, comme si Néron était déjà notre ennemi, ou l’accuser sur-le-champ et lui faire la guerre, parce qu’il veut que les Romains t’aient pour empereur plutôt que Néron pour tyran. » Alors Galba, sans plus attendre, fit afficher publiquement qu’à un certain jour, qu’il désignait, il affranchirait tous les esclaves qui viendraient se présenter à lui. Dès que cette publication fut connue, il se rassembla autour de sa personne une foule d’hommes amoureux de nouveautés ; et il ne fut pas plutôt monté sur son tribunal, que cette multitude le proclama empereur. Toutefois il ne voulut pas d’abord accepter ce titre ; et, après avoir accusé Néron et déploré le sort de tant de personnages illustres que le tyran avait fait périr, il promit de donner tous ses soins à la patrie, sans prendre les noms de César ni d’empereur, mais avec le seul titre de lieutenant du Sénat et du peuple.

Néron lui-même prouva, par sa conduite, combien était sage et raisonnable le choix que Vindex avait fait de Galba pour l’élever à l’empire. Lui, qui affectait de mépriser Vindex et de ne tenir aucun compte de la révolte des Gaulois, quand on lui apprit, au moment où il sortait du bain pour aller souper, la nouvelle de la proclamation