Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/626

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Galba, il en renversa la table de colère. Néanmoins, après que le Sénat eut déclaré Galba ennemi de la patrie, il eut encore l’air de rire de cette révolte et d’en plaisanter avec ses amis, affectant beaucoup d’assurance, et disant que c’était un prétexte venu fort à propos pour amasser de l’argent, dont il avait grand besoin ; qu’après qu’il aurait soumis les Gaulois, tous leurs biens seraient en sa possession ; mais qu’en attendant, il allait faire vendre ceux de Galba, et se servir de l’argent qui en proviendrait, puisque aussi bien Galba venait d’être déclaré son ennemi. En effet, il ne tarda pas à les faire mettre à l’encan ; mais Galba, en ayant été informé, fit aussi vendre à son de trompe tous les biens que Néron possédait en Espagne ; et il trouva, plus que Néron, des acheteurs empressés.

Chaque jour le nombre des révoltés s’augmentait, et l’on accourait de toutes parts se joindre à Galba : seuls, Clodius Macer, commandant en Afrique, et Verginius Rufus, général des légions germaines qui étaient en Gaule, agissaient séparément, et formaient chacun une faction différente. Clodius, homme cruel et avide, qui se sentait coupable de concussions, de rapines et de meurtres, se montrait flottant et incertain, également incapable de retenir et d’abandonner l’empire ; Verginius, chef de légions puissantes, qui l’avaient maintes fois nommé empereur et qui voulaient encore le contraindre d’en prendre le titre, répondait toujours qu’il n’accepterait jamais l’empire, et qu’il ne souffrirait pas qu’il fût donné à un autre qu’à celui que le Sénat aurait choisi. Galba en fut d’abord troublé ; mais, après que Verginius et Vindex eurent, en quelque sorte, été forcés par leurs légions d’en venir aux mains, et de livrer une grande bataille, semblables à deux écuyers qui, ne pouvant retenir leurs chevaux, sont obligés de s’abandonner à leur fougue ; après que Vindex se fut tué lui-même sur les corps de vingt mille Gaulois qui étaient tombés dans la bataille, le