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OTHON[1].


(De l’an 32 à l’an 69 après J.-C.)

Le lendemain, au point du jour, le nouvel empereur se rendit au Capitole. Là, après avoir offert un sacrifice, il se fit amener Marius Celsus : il l’accueillit favorablement, lui parla avec bonté, et l’exhorta à oublier la cause de sa détention, plutôt que de se souvenir de sa délivrance. Celsus, sans montrer ni bassesse ni ingratitude, répondit à Othon que le crime même dont on l’accusait ne pouvait que lui faire honneur, puisqu’on lui reprochait uniquement sa fidélité à Galba, auquel il n’avait eu jamais d’obligations particulières. L’assemblée tout entière applaudit aux discours de l’un et de l’autre ; et les gens de guerre eux-mêmes en furent satisfaits. Dans le Sénat, Othon parla avec autant de douceur que de popularité : il partagea le temps qui lui restait de son consulat avec Verginius Rufus, et maintint dans la dignité de consul tous ceux que Néron et Galba avaient désignés. Il honora du sacerdoce ceux que leur âge et leur réputation en rendaient dignes ; et il rendit aux sénateurs qui avaient été bannis sous Néron la portion de leurs biens qui n’avait point été vendue et qu’on avait retrouvée. Cette conduite rassura les premiers et les principaux personnages, qui, auparavant, saisis de crainte, regardaient Othon moins comme un homme que comme

  1. Cette Vie est la suite de celle de Galba ; et il semble qu’elles ne devraient pas être séparées, car c’est dans la Vie de Galba qu’est le commencement de celle d’Othon.