Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/658

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car jamais il n’avait été si enflé, ni fait d’aussi grands ravages. Il submergea une grande partie de la ville, et surtout le marché au blé, de sorte que la famine fut pendant plusieurs jours dans Rome.

Sur ces entrefaites, on apprit que Valens et Cécina, tous deux généraux de Vitellius, s’étaient emparés des sommets des Alpes ; et, dans Rome, Dolabella, personnage de noble famille, fut soupçonné par les cohortes prétoriennes de tramer quelque nouveauté. L’empereur, soit qu’il craignît Dolabella ou quelque autre, l’envoya à Aquinum[1] en l’assurant qu’il n’y serait point troublé. Ensuite il choisit les personnages considérables qui devaient l’accompagner à l’expédition contre Vitellius : de ce nombre était Lucius, frère de Vitellius, à qui Othon n’augmenta ni ne diminua les honneurs dont il jouissait. L’empereur, après avoir assuré formellement la mère et la femme de Vitellius qu’elles n’avaient rien à craindre pour leurs personnes, remit le gouvernement de Rome aux mains de Flavius Sabinus, frère de Vespasien, soit qu’il le fît pour honorer la mémoire de Néron, qui avait autrefois donné à Sabinus cette charge, que Galba lui avait retirée, soit pour montrer à Vespasien, en élevant Sabinus, son affection et sa confiance. Il s’arrêta à Brixille, ville d’Italie, sur le Pô, et donna la conduite de son armée aux généraux Marius Celsus, Suétonius Paulinus, Gallus et Spurina, tous personnages de grande réputation, mais qui ne purent venir à bout de suivre le plan de campagne qu’ils s’étaient fait, à cause de l’insolence et de l’indiscipline des soldats, lesquels refusèrent de leur obéir, sous prétexte que l’empereur seul avait le droit de les commander, puisque lui seul avait reçu d’eux ce droit.

Il est vrai que les soldats ennemis n’étaient pas dans de meilleures dispositions, ni plus soumis à leurs chefs :

  1. Ville de Campanie, sur la rive gauche du Liris.