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LES TRAVAUX ET LES JOURS

car, en cette saison, l’étoile de la canicule, Sirius, ne demeure pendant le jour que peu d’instants sur la tête des mortels, et achève pendant la nuit la plus forte part de sa course, alors, dis-je, les arbres répandant à terre leur feuillage et cessant de germer, le bois que coupe le fer est moins sujet à se corrompre ; alors, ne l’oublie pas, c’est le temps de prendre la cognée. Abats un tronc de trois pieds, pour en faire ton mortier ; donne trois coudées au pilon et sept pieds au levier, c’est la mesure la plus convenable. Si tu le coupes de huit, tu pourras en détacher un maillet. Que ton charriot ait dix palmes ; que les jantes de tes roues en aient trois. Amasse nombre d’ais recourbés, et, quand tu rencontreras sur la montagne ou dans la plaine quelque morceau d’yeuse, propre à former un corps de charrue, hâte-toi de le transporter dans ta maison ; nul ne supportera mieux la fatigue du labourage, lorsqu’un serviteur de Minerve l’aura attaché avec de fortes chevilles à la pièce où s’enclave le soc et au timon. Il te faut deux charrues ; occupe-toi, en ta demeure, du soin de les construire ; que l’une soit d’une seule pièce, l’autre de bois d’assemblage : ce sera très bien fait ; car, si la première vient à se briser, il te restera la seconde pour y atteler tes bœufs. Les timons les moins sujets à être attaqués par les vers sont en laurier ou en orme ; le chêne convient mieux à la partie où s’attache le soc, et l’yeuse au corps de la charrue. Aie un couple de bœufs, de neuf ans : à cet âge, ils seront dans la plénitude de la jeunesse, en possession de toute leur force, les plus propres au travail, et tu n’auras pas à craindre que, dans leurs luttes, ils brisent la charrue au milieu du sillon et laissent le labour imparfait.

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