Théognis est moraliste et passionné ; c’est là ce qui le distingue des autres poètes que les anciens Grecs honoraient comme leurs maîtres et leurs éducateurs. Isocrate le cite avec Hésiode et Phocylide parmi les meilleurs conseillers auxquels on puisse demander la science de la vie ; ses vers élégiaques ont été pendant des siècles appris par cœur dans les écoles : et ce sage nous a transmis avec ses préceptes l’expression ardente de ses haines, l’éloquent témoignage de ses émotions et de ses douleurs. Il nous apparaît, non pas seulement, comme les Sages de la Grèce, occupé de dicter des règles de conduite à ses contemporains, mais si fortement engagé lui-même dans la réalité, qu’il n’est peut-être pas d’auteur ancien qui nous en apprenne davantage sur l’état politique et social et sur les mœurs de son pays à une date déterminée.