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NOTICE SUR THÉOGNIS DE MÉGARE

Nous avons de Théognis environ quatorze cents vers. C’est en réalité un recueil de fragments, et l’on peut affirmer qu’ils n’appartenaient pas à un seul poème. Le savant et ingénieux Welcker, dont l’excellente introduction a fait comprendre le rapport de ces vers avec les mœurs et l’histoire politique de Mégare, avait essayé de les ramener à un ordre logique, en dégageant l’œuvre primitive des additions et des interpolations qui se trouvent dans les manuscrits. Il est plus prudent de nous en tenir à ce que nous donne la transcription inintelligente des copistes anciens, tout en reconnaissant que leurs extraits rapprochent au hasard des ouvrages de diverse nature, les conseils à Cyrnus, des chants de banquet, des vers érotiques, des jeux d’esprit. La première cause de ce désordre fut sans doute le succès même qu’obtinrent de bonne heure les poèmes de Théognis, et, en particulier, les vers d’un caractère moral. Certaines parties, plus connues et plus souvent citées, se détachèrent du reste et furent recueillies dans les manuscrits courants. La traduction de M. Patin, que l’on donne ici, a été publiée après sa mort dans l’Annuaire de l’Association pour l’encouragement des études grecques. Comme ce travail remontait à une époque assez ancienne, il a fallu y introduire quelques modifications pour le mettre au courant des progrès de la critique. On a suivi, en général, pour cette révision, le texte donné par M. Ziegler en 1868. Cent cinquante-neuf vers, donnés par un seul manuscrit, qui est, il est vrai, le meilleur, manquent dans