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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Si tu répands l’eau sur ma tête, toujours elle en découlera limpide et sans souillure. En toutes mes actions tu me trouveras semblable à l’or qui a passé par le creuset, dont le frottement de la pierre de touche fait briller le rouge éclat, à la surface duquel ne s’attachent point les noires tâches de la rouille, qui paraît toujours pur et dans sa fleur (447-452).

S’il t’était échu, ô homme, une part de raison au lieu d’une part de démence, que tu fusses né sage aussi bien que tu naquis insensé, tu paraîtrais maintenant à beaucoup de tes concitoyens autant digne d’admiration et d’envie, qu’ils te jugent indigne d’estime (453-460).

Une jeune femme ne convient pas à un vieux mari : c’est une barque qui n’obéit point au gouvernail, que ne fixe point l’ancre, qui rompt son câble, et s’en va souvent la nuit chercher un autre port (457-460).

Ne dirige point ta pensée et ton désir vers ce qui ne se peut faire, vers ce qui ne peut avoir d’effet (461-462).

Sans doute, les dieux ont mis à ta portée des actes faciles, qui ne sont ni mauvais ni bons ; mais par la peine seulement s’obtient la gloire (463-464).

Travaille pour la vertu, que la justice te soit chère, que l’amour d’un gain honteux ne te subjugue pas (465-466).

Ne retiens pas parmi nous celui qui veut sortir, ne renvoie pas celui qui veut rester ; ne réveille pas, ô Simonide, celui que par l’effet du vin un doux sommeil aura surpris ; ne contrains pas, non plus, celui qui est bien éveillé d’aller dormir malgré lui : tout ce qu’on fait de force déplaît. Quelqu’un veut-il boire,