Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/184

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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

Quand on est présent et monté sur le char rapide, il est honteux de ne pas voir la déplorable guerre (889-890).

Hélas ! je pleure ma faiblesse. Cérinthe a péri ; on arrache les bons vignobles de Lélante ; les bons sont en exil ; les méchants gouvernent la ville. Puisse Jupiter perdre la race de Cypsélus (891-894) !

L’homme n’a rien, en lui, de meilleur que la raison, et de plus funeste, Cyrnus, que la déraison (895-896).

Cyrnus, si Dieu s’irritait en toute occasion contre les faibles mortels, examinant bien les sentiments que chacun a dans son cœur et distinguant les actions injustes des justes, ce serait pour eux un grand mal (897-900).

Les uns font pis, les autres mieux ; mais nul n’est sage en tout (901-902).

Quiconque, en poursuivant la richesse, ne laisse pas de l’employer se fait, par cette conduite, beaucoup d’honneur auprès des hommes raisonnables. Si l’on pouvait apercevoir le terme de la vie, mesurer l’espace qui reste à parcourir, avant d’arriver chez Pluton, il conviendrait que celui qui devrait attendre le plus longtemps le moment fatal ménageât le plus sa fortune, quelle qu’elle fût. Mais il n’en va pas ainsi, et c’est pour moi un grave sujet de chagrin. J’ai le cœur déchiré, l’esprit partagé ; j’hésite comme dans un carrefour ; de deux routes qui s’ouvrent à mes yeux, je ne sais laquelle choisir. Faut-il, sans rien dépenser, user mes jours dans la misère ? Faut-il, sans prendre de peine, vivre dans les plaisirs ? J’ai vu un homme qui épargnait sans cesse et, tout riche qu’il était, ne traitait jamais son ventre libéralement. Mais, avant