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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

dont les genoux ne sont plus flexibles, ne fuyez pas en les abandonnant. Il serait honteux de voir tomber aux premiers rangs et en avant les jeunes gens du vieux soldat à la tête chauve et au menton tout blanc, exhalant dans la poussière une âme généreuse, et tenant dans ses mains les organes sanglants de la virilité (triste spectacle et dont la vue excite l’indignation). Mais, tout sied aux jeunes gens ; tant que le guerrier a la noble fleur de la jeunesse, il est pour les hommes, après sa mort, un objet d’admiration et, pour les femmes, durant sa vie, un objet d’amour ; il est beau encore tombé au premier rang.

II

Courage, guerriers, vous êtes de la race de l’invincible Hercule, et Jupiter n’a pas encore détourné de vous ses regards. Ne craignez point le grand nombre des ennemis ; ne soyez point effrayés ; que chacun oppose son bouclier à ses adversaires, qu’il dédaigne la vie et ne redoute pas plus les ténèbres de la mort que les rayons du jour. Vous savez que si Mars fait verser beaucoup de sang, il conduit à la gloire, et vous savez ce que c’est, ô jeunes gens, que fuir et que poursuivre, vous l’avez appris à satiété. Ceux qui osent, se serrant les uns contre les autres, courir contre leurs adversaires meurent rarement et sauvent tous ceux qui marchent après eux. Mais chez ceux qui tremblent, toute vertu a disparu. Qui pourrait dire tous les maux dont est accablé le guerrier qui combat lâchement ? Il est honteux pour lui, quand il fuit le rude combat, d’être blessé par derrière ; c’est laide chose qu’un cadavre étendu