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POÉSIES DE TYRTÉE

sur la poussière, le dos percé par la pointe d’une lance. Mais que chacun de vous se tienne ferme, appuyant solidement ses deux pieds sur la terre et mordant sa lèvre ; qu’il couvre ses cuisses, ses jambes, sa poitrine et ses épaules de son large bouclier, que dans sa main droite il brandisse sa forte lance et qu’il agite sur sa tête son panache altier. Que par l’accomplissement de rudes travaux, il apprenne à combattre ; que protégé par son bouclier il ne se tienne pas hors de la portée des traits ; qu’il s’approche de l’ennemi, le frappe de sa longue lance, le blesse de son épée et le fasse prisonnier. Pied contre pied, bouclier contre bouclier, aigrette contre aigrette, casque contre casque, poitrine contre poitrine, qu’il s’appuie sur son adversaire en le frappant et lui arrache son épée ou sa longue lance. Et vous, soldats armés à la légère, vous abritant mutuellement sous les boucliers, lancez de lourdes pierres, et brandissez sur l’ennemi vos javelots polis, vous tenant aux côtés des soldats pesamment armés.

III

Qu’un homme soit rapide à la course ou habile à la lutte, qu’il ait la haute taille ou la force des Cyclopes, qu’il dépasse en vitesse le Thrace Borée, qu’il soit plus beau que Tithon, plus riche que Midas, plus riche que Cinyre, qu’il soit plus puissant que Pélops, fils de Tantale, plus éloquent qu’Adraste, qu’il possède toutes les gloires, s’il n’a pas la valeur du guerrier, je n’en parlerai pas et n’aurai pour lui nulle estime ; c’est un homme inutile à la guerre, s’il ne supporte