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NOTICE SUR SOLON

entrevue de Solon avec Anacharsis[1], et d’un entretien qu’il eut avec Thalès. Anacharsis étant venu à Athènes, alla chez Solon ; et, après avoir frappé, il s’annonça pour être un étranger qui venait s’unir avec lui par les liens de l’amitié et de l’hospitalité. Solon lui répondit qu’il valait mieux faire des amis chez soi, que d’en aller chercher ailleurs. « Eh bien ! reprit Anacharsis, puisque vous êtes chez vous, faites donc de moi votre ami et votre hôte. » Solon, charmé de la vivacité de sa réponse, lui fit le meilleur accueil, et le retint quelques jours chez lui. Il s’occupait déjà de l’administration des affaires publiques et commençait à rédiger ses lois. Anacharsis, à qui il en fit part, le railla de son entreprise et de l’espoir qu’il avait de réprimer par des lois écrites l’injustice et la cupidité de ses concitoyens. « Les lois, disait-il, seront pour eux comme des toiles d’araignée : elles arrêteront les faibles et les petits ; les puissants et les riches les rompront et passeront à travers. — Cependant, lui répondit Selon, les hommes gardent les conventions qu’ils ont faites entre eux, quand aucune des parties n’a intérêt à les violer. Je ferai donc des lois si conformes aux intérêts des citoyens, qu’ils croiront eux-mêmes plus avan-

  1. Anacharsis, Scythe de nation et de la race royale, mérita par son savoir, par son esprit et par ses vertus, d’être mis au nombre des sept sages. Il alla à Athènes, vers la 47e olympiade, environ 600 ans avant J.-C. De retour dans sa patrie, il voulut changer les lois des Scythes, et leur faire adopter celles des Grecs ; mais il fut tué à la chasse d’un coup de flèche par son frère.

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