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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

guerre à ceux de Cirrha. Ce fait est attesté par plusieurs écrivains, et entre autres par Aristote, dans son ouvrage sur les vainqueurs des jeux pythiques, où il attribue ce décret à Solon. Cependant il ne fut pas nommé général ; et c’est à tort qu’Évanthe de Samos l’a avancé, au rapport d’Hermippus. L’orateur Eschine lui-même n’en dit rien ; et l’on voit par les registres de Delphes, que ce fut Alcméon, et non pas Solon, qui commanda les Athéniens dans cette guerre.

Depuis longtemps le crime cylonien causait de grands troubles dans Athènes. Ils avaient pris naissance lorsque les complices de Cylon s’étant réfugiés dans le temple de Minerve, l’archonte Mégaclès leur persuada de se présenter en jugement ; et comme ils craignaient de perdre leur droit d’asile, il leur conseilla d’attacher à la statue de la déesse un fil qu’ils tiendraient à la main. Quand ils furent près du temple des Euménides, le fil s’étant rompu de lui-même, Mégaclès et ses collègues se saisirent d’eux, sous prétexte que cet accident prouvait que la déesse leur refusait sa protection. Ils lapidèrent tous ceux qui furent pris hors du temple ; et ceux qui s’y étaient sauvés furent massacrés au pied des autels. Il n’en échappa à la mort que quelques-uns qui allèrent en suppliant se jeter aux pieds des femmes des archontes. Cette action atroce fit regarder les magistrats comme des sacrilèges et les rendit les objets de la haine publique. Ceux qui étaient restés du parti de Cylon, ayant repris du crédit et de l’autorité furent toujours en guerre ouverte avec les des-