Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/240

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NOTICE SUR SOLON

cendants de Mégaclès. Cette sédition était alors dans sa plus grande force et le peuple était partagé entre les deux fractions. Solon, mettant à profit l’estime dont il jouissait, employa près d’elles sa médiation ; et, secondé par les principaux Athéniens, il parvint à force de prières et de remontrances, à déterminer ceux qu’on nommait les sacrilèges à se soumettre au jugement de trois des plus honnêtes citoyens. La cause fut plaidée sur l’accusation de Milon du bourg de Phylée. On condamna les sacrilèges : ceux qui vivaient encore furent bannis ; on déterra les ossements de ceux qui étaient morts et on alla les jeter hors du territoire de l’Attique. Cependant ceux de Mégare, profitant de ces troubles, attaquèrent les Athéniens, les chassèrent de Nysie[1] et reprirent Salamine.

Au chagrin que ces pertes causèrent à ceux-ci se joignirent des craintes superstitieuses dont la ville fut frappée et qui venaient d’apparitions de spectres et de fantômes. Des devins déclarèrent aussi que l’état des victimes qu’ils avaient offertes annonçait des crimes et des profanations qu’il fallait expier. On fit donc venir de Crète Épiménide le Phestien, qui est mis au nombre des sept sages par ceux qui n’y comptent pas Périandre. Il passait pour un homme chéri des dieux, doué d’une grande sagesse, fort instruit des choses divines, surtout versé dans la science des inspirations et dans la connaissance des mystères ; on l’appelait, même de son vivant, le

  1. Ville située dans le golfe de Corinthe.