Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
NOTICE SUR SOLON

même, la force à la justice. On lui demanda quelque temps après s’il avait donné aux Athéniens les lois les meilleures. « Oui, répondit-il, les meilleures qu’ils pussent recevoir. » Des écrivains modernes disent que les Athéniens ont coutume d’adoucir la dureté de certaines choses en les exprimant par les termes doux et honnêtes : par exemple, ils appellent les courtisanes des amies ; les impôts, des contributions ; des garnison des gardes de ville ; les prisons des maisons. Cet adoucissement fut, à ce qu’il paraît, une invention de Selon, qui donna le nom de décharge à l’abolition des dettes.

Sa première ordonnance portait que toutes les dettes qui subsistaient seraient abolies, et qu’a l’avenir les engagements pécuniaires ne seraient plus soumis à la contrainte par corps. Cependant quelques auteurs, entre autres Androtion, ont dit que Selon n’abolit pas les dettes ; qu’il en réduisit seulement les intérêts ; et que les pauvres, satisfaits de ce soulagement, donnèrent eux-mêmes le nom de décharge à cette loi pleine d’humanité. Elle comprenait aussi l’augmentation des mesures et la valeur des monnaies. La mine ne valait que soixante-treize drachmes ; elle fut portée à cent : de manière que ceux qui devaient des sommes considérables, en donnant une valeur égale en apparence, quoique moindre en effet, gagnaient beaucoup sans rien faire perdre à leurs créanciers. Cependant la plupart des auteurs conviennent que cette décharge fut une véritable abolition de toutes les dettes ; et leur sentiment est confirmé par ce que Solon