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SENTENCES DE PHOCYLIDE

LXXXV

Ne t’abandonne point à des amours effrénées ; non, l’amour n’est point un dieu ; il est de toutes les passions la plus dangereuse et la plus funeste. Mais chéris la compagne de ton sort. Quelle douceur, quelle félicité, quand une sage épouse est aimée de son époux jusqu’à la dernière vieillesse, quand il lui rend toute la tendresse qu’elle lui prodigue, quand les querelles n’ont jamais divisé ce couple heureux !

LXXXVI

Abstiens-toi de toute union charnelle, qui ne soit pas précédée d’un contrat, et qui ne soit fondée que sur la violence ou la séduction.

LXXXVII

Ne crains pas moins d’épouser une méchante femme, et que l’appât d’une funeste dot ne te rende pas l’esclave d’une épouse indigne de toi. Imprudents que nous sommes ! On nous voit courir toutes les maisons d’une ville pour nous procurer des coursiers de race généreuse, des taureaux vigoureux et des chiens ardents à la chasse, mais nous ne prenons aucune peine pour trouver une femme vertueuse. Les femmes, non moins éblouies par l’éclat de l’or, ne refusent pas de riches et méprisables époux.

LXXXVIII

N’ajoute pas de noces nouvelles à tes premières noces ; ni de nouvelles douleurs à tes premières calamités.