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NOTICE SUR HÉSIODE

Théogonie, comme la guerre des Titans et des dieux Olympiens en est l’action principale et en forme le nœud. Le dénoûment, le but du poème, sa moralité, pour ainsi dire, c’est la victoire de Jupiter sur les Titans, c’est-à-dire du principe de l’ordre sur les agents du désordre, et par suite l’organisation du monde dans son état actuel. Le sujet et ces différentes parties sont clairement indiqués dès l’abord dans quelques vers de ce Proœmium, morceau certainement ancien, d’un beau caractère poétique, fait évidemment pour la Théogonie, et qui s’y rattache de tout point, quoi qu’on en ait dit. Les Muses, après avoir consacré leur poète, préludent à ses chants, en célébrant elles-mêmes devant Jupiter la race vénérable des dieux, d’abord des dieux enfants de la Terre et du Ciel (les Titans), puis des dieux qui naquirent de ceux-ci (les Olympiens). Ensuite elles célèbrent Jupiter, le meilleur, le plus grand des dieux de l’Olympe ; enfin, la race des hommes et des forts géants. Un peu plus loin, nous est montré Jupiter vainqueur de Cronos, son père, et qui a dispensé aux autres immortels leurs rangs et leurs honneurs. Le Proœmium se termine par une invocation directe aux Muses, qui renferme une introduction immédiate au poème et en reproduit avec exactitude toute la distribution :

« Salut, filles de Jupiter, donnez-moi des chants dignes de plaire ; dites cette race immortelle et sacrée des dieux qui naquirent de la Terre, du Ciel étoilé, de la Nuit obscure, et de ceux que nourrit dans son sein l’onde amère