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NOTICE SUR HÉSIODE

Hespérides, fut condamné à soutenir le ciel de sa tête et de ses bras. L’orgueilleux Ménétius, victime de son audace, fut précipité dans le séjour des ténèbres par la foudre du grand Jupiter. La femme créée par ce dieu et que l’imprudent Épiméthée accueillit le premier, devint pour lui et pour tous les hommes la source de mille maux. Prométhée enfin, le prudent, le prévoyant, l’habile par excellence, osa entrer en lutte contre le maître des dieux, par une suite de ruses, toutes dans l’intérêt de l’espèce humaine, et il en fut cruellement puni. Fixé à une colonne par des chaînes terribles, et le foie incessamment dévoré par un aigle, il ne fallut rien moins qu’Hercule, ce héros sauveur, ce fils que Jupiter voulait glorifier, pour le délivrer de son double supplice. Ce sont là évidemment les quatre grands types moraux de l’humanité, dont Prométhée est le génie même. Il lutte contre Jupiter au sujet des hommes ; il leur rend le feu qui leur avait été retiré par ce dieu, le feu, instrument nécessaire des arts de la vie. C’est la liberté réfractaire de l’esprit humain, se développant en dépit des obstacles que lui opposent la nécessité extérieure, le principe jaloux de l’ordre éternel. Mais celui-ci doit l’emporter ; car, à côté de l’intelligence et de la force se trouve la passion, la faiblesse ; Épiméthée est frère de Prométhée. Les destinées de l’humanité s’accomplissent donc ; elle est soumise à la loi du travail, qui devient la condition de son progrès, aux faiblesses de l’âme, à toutes les misères de la vie. Prométhée est enchaîné, d’ineffables douleurs lui déchirent le sein : il lui

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