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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

faut, pour s’affranchir, le concours d’une volonté héroïque ; il lui faut accepter cette loi inexorable qui a mis la gloire au prix du travail et de la peine ; il se réconcilie avec Jupiter par la médiation d’Hercule son libérateur.

« Ainsi nul ne trompe l’esprit pénétrant de Jupiter, nul ne lui échappe. Le fils de Japet lui-même, l’excellent Prométhée, n’évita point la terrible atteinte de son courroux ; tout habile qu’il était, il tomba dans les liens d’une invincible nécessité. »

C’est maintenant que Jupiter devient le roi et le père des hommes et des dieux ; car partout, dans les poèmes hésiodiques, les hommes sont présentés comme contemporains des dieux ; la race humaine semble même plus ancienne que la race divine de l’Olympe. On dirait qu’ici le génie symbolique de la haute antiquité a eu conscience de ses propres créations. Mais si l’énergie audacieuse de l’esprit de l’homme est vaincue ou plutôt réglée, soumise à des lois nécessaires, il n’en est pas de même des puissances de la nature ; elles ne sont point si aisément subjugués. Cronos avait été dompté comme Prométhée, les Titans ne l’étaient pas. Depuis dix années entières, les dieux Titans, les anciens dieux, et les dieux nouveaux issus de Cronos se livraient une guerre terrible pour l’empire du monde, les uns postés sur le sommet de l’Othrys et les autres sur ceux de l’Olympe. Pour faire pencher la balance des combats, Jupiter et les Cronides furent obligés d’appeler à leur secours et Briarée et Cottos et Gygès, ces