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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

s’approcha de Cythère ; Cypris, parce qu’elle parut pour la première fois sur les rivages de Cypre ; amie de la volupté, en souvenir de son origine. Dès sa naissance, lorsqu’elle allait prendre sa place dans l’assemblée des dieux, l’Amour et le bel Liméros (le Désir) marchèrent à sa suite. Elle eut dès l’abord en partage, entre tous les immortels, et tous les humains, les entretiens séducteurs, les ris gracieux, les doux mensonges, les charmes, les douceurs de l’amour.

Irrité contre ses enfants, contre ceux qu’il avait fait naître, Ouranos les appela Titans, exprimant par ce mot leur œuvre coupable, et les menaçant pour l’avenir d’un châtiment.

Et la Nuit engendra le triste Sort, la sombre destinée, la Mort, le Sommeil, la troupe des Songes ; la Nuit les engendra seule, sans s’unir à aucune autre divinité. Ensuite elle fit naître Momus, et la cruelle Douleur, enfin les Hespérides, gardiennes de ces beaux fruits, de ces fruits d’or, qui croissent aux confins de l’Océan : elle enfanta les Parques, ces sévères ministres de la destinée, Clotho, Lachésis, Atropos, qui président à la naissance des mortels, et leur distribuent les biens et les maux, qui, chargés de poursuivre les attentats des hommes et des dieux, ne laissent point reposer leur courroux que le coupable, quel qu’il soit, n’ait reçu son châtiment. De la funeste Nuit sortit encore Némésis, le fléau des humains, puis la Fraude et la Débauche, l’affreuse Vieillesse, l’ardente Discorde.

À son tour l’affreuse Discorde produisit le pénible Travail, l’Oubli, la Faim, les Douleurs, sources de larmes amères, les Combats, les Meurtres, les Massacres, les Disputes, le Mensonge, l’Équivoque, l’Anar-