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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/151

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POÉSIES DE BURNS.


Mais regardez au travers de tous les autres hommes
D’un œil subtil et rusé.
À la flamme sacrée d’un amour bien placé
Livrez-vous sans réserve ;
Mais ne tentez jamais les voies illicites,
Quand rien ne devrait le divulguer :
Je laisse de côté la gravité du péché,
Le hasard du secret ;
Mais, hélas ! il endurcit tout au dedans,
Et pétrifie le sentiment :
Pour attraper un sourire doré de dame Fortune.
Faites-lui assidument la cour ;
Et smassez de l’argent par toutes les ruses
Qu’autorise l’honneur ;
Non pas pour le cacher dans une baie,
Ni pour traîner une suite après vous ;
Mais pour le glorieux privilège
D’étre indépendant.
La peur de l’enfer est un fouet de bourreau
Pour maintenir les misérables dans l’ordre ;
Mais, quand vous vous sentez retenu par votre honneur,
Que ce soit toujours là votre limite ;
A ses plus légers attouchements, arrétez-vous sur-le-champ —
Repoussez tous les prétextes détournés,
Et observez résolument ses lois,
Sans vous soucier des conséquences.
Révérer le grand Créateur
Sied assurément à la créature ;
Mais abstenez-vous du jargon précheur
Et méme des traits rigides ;
Pourtant, jusqu’à vous égarer avec les esprits profanes,
Ne poussez jamais la complaisance ;
Le rire d’un athée est un pauvre dédommagement
Du courroux de la Divinité !
Quand nous sommes lancés dans le cercle des plaisirs,
La Religion peut se perdre de vue,
Ou, si elle donne accidentellement un coup d’aiguillon,
Nous y pouvons faire peu d’attention ;
Mais, lorsque dans la vie nous sommes battus par la tempête,
Et que la conscience n’est qu’un chancre —
Un commerce établi avec le Ciel
Est à coup sûr une noble ancre !
Adieu, aimable et cher jeune homme !
Votre rœur ne fera jamais défaut :