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POÉSIES

Empêcher qu’à leurs biens ils ne joignent les nôtres,
C’est une impiété qu’on ne peut trop punir.
De la religion c’est ainsi qu’ils se jouent.
Ils ont un air pieux répandu sur le front
Que leurs actions désavouent.
Ils sont faux en tout ce qu’ils font.
Le métier de dévot, ou plutôt d’hypocrite,
Devient presque toujours la ressource des gens
Qu’une longue débauche a rendus indigens,
Des femmes que la beauté quitte,
Ou qui d’un mauvais bruit n’ont pu se préserver,
Et de ceux qui pour s’élever
N’ont qu’un médiocre mérite.
Dès que du cagotisme on fait profession,
De tout ce qu’on a fait la mémoire s’efface.
C’est sur la réputation
Un excellent vernis qu’on passe.
Si je pouvais trouver d’assez noires couleurs,
Que j’aimerais à faire une fidèle image
Du fond de leurs perfides cœurs !
Moi qui hais le fard dans les mœurs
Encor plus que sur le visage,
Et qui sais tous les tours que mettent en usage
Nos plus célèbres imposteurs,
Quel plaisir pour moi, quelle joie