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POÉSIES


V.

Pourquoi s’applaudir d’être belle ?
Quelle erreur fait compter la beauté pour un bien ?
À l’examiner, il n’est rien
Qui cause tant de chagrin qu’elle.
Je sais que sur les cours ses droits sont absolus ;
Que tant qu’on est belle on fait naître
Des désirs, des transports, et des soins assidus :
Mais on a peu de temps à l’être,
Et long-temps à ne l’être plus.

VI.

Misérable jouet de l’aveugle fortune,
Victime des maux et des lois,
Homme, toi qui par mille endroits
Dois trouver la vie importune,
D’où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir ?
Lâche, regarde-la sans changer de visage ;
Songe que si c’est un outrage
C’est le dernier à recevoir.