Page:Poésies de Madame Deshoulières 1824.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
POÉSIES

Taisez-vous ; arrêtez votre cours :
Du charmant berger que j’adore
Un sort cruel menace les beaux jours.



Livrons nos cœurs aux tendres mouvemens ;
N’écoutons point la chagrine vieillesse.
Si l’amour est une faiblesse,
On la doit permettre au printemps.
Employons bien cet heureux temps
Il n’en reste que trop pour la triste sagesse.



Soyons toujours inexorables :
Un amant bien traité se rend insupportable ;
Il néglige l’objet dont son cœur est charmé ;
De tous les petits soins il devient incapable.
Un amant sûr d’être aimé
Cesse toujours d’être aimable.

Si l’amour est inévitable ;
S’il faut pour un berger brûler d’un feu semblable
À celui dont son cœur nous paraît consumé,