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POÉSIES

Les muses, ces savantes sœurs,
Nous ont imposé sur les larmes
Qu’au sortir de ton lit tu répands sur les fleurs.
Ce n’est point ton fils mort qui cause tes douleurs :
Un trait plus cuisant t’a blessée :
Le mépris que Céphale a fait de tes faveurs,
Toujours présent à ta pensée,
Est ce qui fait couler tes pleurs.

Elle fait plus encor cette troupe qui t’aime :
Elle dit que l’éclat vermeil
Dont on voit l’orient se peindre à ton réveil
Vient des roses que ta main sème
Dans la carrière du soleil.
Quel conte ! Si le ciel prend la couleur des roses
Lorsque tu viens ouvrir la barrière du jour,
C’est que ce ciel, qui voit la honte où tu t’exposes,
Rougit pour toi de ton amour.

Dans quelque autre mortel, plus galant que Céphale,
Que n’as-tu trouvé des appas !
Il eût moins façonné sur la foi conjugale :
Ordinairement ici-bas
La plus belle épouse n’est pas
Une dangereuse rivale.