Page:Poésies de Schiller.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les bûchers enflammés rendent les nuits resplendissantes comme le jour, et les gémissements retentissent sans cesse dans les airs. Le mal est au delà de toute expression, Jupiter est irrité contre notre pauvre peuple. En vain coule le sang des hécatombes, en vain le prêtre meurtrit ses genoux au pied de l’autel, les oreilles du Dieu sont sourdes à nos prières. Voilà pourquoi les gens de ma contrée m’ont envoyée auprès de la fille de Cadmus, afin que je tâche de détourner de nous le fléau céleste. Béroé, ont-ils dit, a beaucoup de pouvoir sur Sémélé dont elle fut la nourrice, et Sémélé a beaucoup de pouvoir sur Jupiter. Je ne sais rien de plus, je comprends encore moins ce que signifient ces paroles : Sémélé a beaucoup de pouvoir sur Jupiter.

Sémélé, (avec vivacité).

La peste cessera demain : dis-le à ton peuple ; Jupiter m’aime, dis-tu, la peste cessera dès aujourd’hui.

Junon, (avec impétuosité).

Ah ! ce que la Renommée aux mille voix a répandu depuis l’Ida jusqu’à l’Hémus est donc vrai ! Jupiter t’aime ! Jupiter vient te voir dans toute la pompe qui étonne les habitants du ciel ! Laissez, ô Dieux, laissez la vieille nourrice descendre aux enfers, j’ai assez vécu. Le maître de l’Olympe vient dans sa majesté divine près d’elle, près de celle que mon sein a nourrie !