Page:Poésies de Schiller.djvu/268

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honte ! honte ! tu devrais fuir le jour, dans la retraite d’Hécate. Dieux ! Dieux ! est-ce donc ainsi qu’après seize pénibles années de séparation Béroé devait revoir la fille de Cadmus ? Je venais d’Épidaure avec joie, je retournerai à Épidaure avec horreur. J’emporte le désespoir dans l’âme. Ô calamité ! ô mon peuple ! La peste peut continuer ses ravages ; elle peut amonceler les cadavres jusqu’au sommet du mont, Œta et changer la Grèce en un bûcher de morts, avant que Sémélé fléchisse la colère des Dieux. Que nous sommes trompés, moi et toi, et la Grèce et le peuple entier !

Sémélé, (se lève tremblante).

Ô ma Béroé !

Junon.

Rassure-toi, mon enfant ! peut-être est-ce Jupiter, quoique ce soit bien peu probable ; peut-être cependant est-ce Jupiter, et nous allons le savoir. Il faut qu’il se découvre ou que tu le fuies à jamais, et que tu livres l’infâme à la vengeance mortelle de Thèbes. Regarde, ma chère fille, regarde ta Béroé qui prend part à tes anxiétés : ne voulons-nous pas le mettre à l’épreuve ?

Sémélé.

Non, par les Dieux ! je ne trouverais pas…

Junon.

Seras-tu moins misérable, si tu languis dans un doute cruel ?… Et si pourtant c’était lui…