Page:Poésies de Schiller.djvu/54

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tu la saisis sur les vagues, tu l’entraînas au fond de la mer.

« Dans les grottes de cristal, douée de l’immortalité, Déesse, elle est unie à un Dieu, elle s’intéresse à l’amour persécuté, elle adoucit les mouvements impétueux et conduit les navigateurs dans le port. Belle Hellé, douce Déesse, c’est toi que j’implore, ramène-moi celui que j’aime, par sa route accoutumée. »

Déjà la nuit enveloppe le ciel, la jeune fille allume le flambeau qui doit servir de fanal, sur les vagues désertes, à celui qu’elle attend. Mais voilà que le vent s’élève et mugit, la mer écume, la lueur des étoiles disparaît et l’orage approche.

Les ténèbres s’étendent à la surface lointaine du Pont, et des torrents de pluie tombent du sein des nuages ; l’éclair brille, les vents sont déchaînés, les vagues profondes s’entr’ouvrent, et la mer apparaît terrible et béante comme la gueule de l’enfer.

« Malheur ! malheur à moi ! s’écrie la pauvre fille : Jupiter, prends pitié de mon sort. Hélas ! qu’ai-je osé demander ? Si les dieux m’écoutaient, si mon amant allait se livrer aux orages de cette mer infidèle !… Tous les oiseaux s’enfuient à la hâte, tous les navires qui connaissent la tempête se réfugient dans les baies. Hélas ! sans doute, l’audacieux entre-