Page:Poésies de Schiller.djvu/62

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« Dans le roc où cette chapelle est bâtie, il y a une grotte humide et sombre où jamais ne pénètre la lumière du ciel. C’est là qu’était le dragon, épiant sa proie nuit et jour. Il était là comme un être infernal au pied de la maison de Dieu, et lorsqu’un pèlerin passait sur ce sentier funeste, le monstre s’élançait de sa retraite et l’emportait pour le dévorer.

« Je gravis la montagne avant d’entreprendre mon difficile combat, je m’agenouillai devant l’image du Christ, je purifiai mon cœur de ses péchés, puis je m’armai dans le sanctuaire de mon épée et de ma cuirasse, et, ma lance à la main, je redescendis vers mes écuyers. Je m’élançai sur mon cheval et je recommandai mon âme à Dieu.

« À peine étais-je près des marais que mes dogues se précipitent en avant, tandis que mon cheval, effrayé, écume et se cabre. Car mon ennemi terrible était étendu au soleil sur la terre ardente. Mes chiens alertes se précipitent sur lui, puis se retournent rapides comme l’éclair, lorsqu’il ouvre sa large gueule et gémit comme un chacal, et répand autour de lui un air empesté.

« Mais bientôt je ranime leur courage : ils se jettent sur le monstre avec fureur, pendant que, d’une main ferme, je dirige ma lance sur ses flancs, et cette lance impuissante se brise comme une baguette sur sa cuirasse d’écailles. Avant que je puisse