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LE PLONGEUR.

« Qui de vous, varlets et chevaliers, osera s’élancer dans cet abîme ? Je viens d’y jeter une coupe d’or, et le gouffre l’a déjà engloutie. Celui de vous qui pourra la reprendre, qu’il la garde ; je la lui donne. »

Ainsi parlait le roi, en jetant, du haut du roc escarpé qui s’élève au-dessus de l’onde immense, un vase d’or dans les eaux de Charybde. « Qui de vous, s’écrie-t-il, qui de vous, je le répète, aura assez de courage pour plonger dans ces profondeurs ? »

Et tous ceux qui l’entourent, chevaliers et varlets, l’écoutent et regardent en silence la mer orageuse. Nul d’entre eux n’ose essayer de gagner la coupe, et pour la troisième fois le roi s’écrie : « N’est-il personne qui veuille braver le péril ? »

Mais tous se taisent encore, quand soudain un jeune gentilhomme tout à la fois doux et hardi s’avance, dénoue sa ceinture, se dépouille de son manteau, et tous ceux qui le voient, hommes et femmes, le regardent avec surprise et admiration.