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L’INFANTICIDE.

Écoutez : les cloches résonnent d’un son sinistre et l’aiguille de l’horloge achève sa course. Eh bien ! au nom de Dieu, qu’il en soit ainsi. Compagnons du tombeau, allons au supplice. Reçois, ô monde, mes derniers baisers d’adieu, reçois ces larmes : ô monde, que tes poisons étaient doux ! Nous sommes quittes, ô monde, empoisonneur de l’âme !

Adieu, joyeuse lumière du soleil, il faut t’échanger contre une tombe froide. Adieu, délicieux temps des roses, qui si souvent enivre la jeune fille ; adieu, rêves tissus d’or, fantaisies, enfants du paradis étouffés, hélas ! dans votre germe naissant, pour ne plus jamais reparaître !

Jadis je portais la robe sans tache de l’innocence, des rubans roses, des fleurs ornaient mes blonds cheveux flottants.

Hélas ! la victime de l’enfer porte encore la robe blanche ; mais un crêpe noir remplace les rubans roses.

Pleurez sur moi, vous qui n’avez jamais failli,