Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/122

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un très-petit fourneau où brûlait un feu ardent, et, sur ce feu, une sorte de double cornue, soit deux cornues unies par une tubulure. Un de ces récipients était à peu près plein de plomb fondu ; le niveau du métal liquéfié n’atteignait pas à l’embouchure du tube mais y affleurait. L’autre cornue contenait un liquide qui à l’entrée des policiers bouillait furieusement. Les agents rapportent que Von Kempelen, se voyant pris, saisit les récipients de ses deux mains (protégées, comme on vit ensuite, par des gants asbestiques) et jeta ce qu’ils contenaient sur le sol carrelé. C’est alors qu’on lui mit les menottes. Avant de faire des recherches dans les chambres, on fouilla sa personne ; mais rien de remarquable ne fut trouvé sur lui, si ce n’est un cornet de papier qu’il avait dans la poche de son habit et qui contenait, à ce que l’on vit plus tard, un mélange en proportions presque, mais non tout à fait égales, d’antimoine et d’une substance inconnue. Pour celle-ci, tous les essais d’analyse ont échoué jusqu’à ce jour ; mais il n’est pas douteux que l’on ne réussisse bientôt.

En sortant du cabinet avec leur prisonnier, les agents passèrent dans un vestibule, où l’on ne trouva rien d’important, et de là, dans la chambre à coucher du chimiste. Ils y mirent sens dessus dessous quelques tiroirs et quelques caisses, mais ne découvrirent que des papiers sans intérêt et quelques pièces de monnaie que l’on reconnut être bonnes.

Enfin, en regardant sous le lit, ils virent une malle grande et commune, sans charnières, ni moraillon, ni serrure, le dessus gisant au hasard en travers de la