Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/132

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— Qu’est-ce que c’est de nouveau ? grogna le metteur en pages, déjà de mauvaise humeur pour avoir été tenu si tard.

— Eh bien, mais, il n’y a plus d’o dans toute l’imprimerie, ni petits, ni grands.

— Quoi ? Que diable sont devenus tous ceux de la casse ?

— Ma foi, je ne sais pas, dit l’autre ; mais un de ces sacrés compositeurs de la Gazette est venu traîner par ici ce soir, et je me figure qu’il les aura râflés du premier au dernier.

— Que le diable l’emporte ! Parbleu, je n’en doute pas, dit le metteur en pages, pourpre de colère. Mais tenez, Bob, je vais vous dire quelque chose. Vous êtes un fameux luron, vous. À la première occasion vous passerez chez eux et vous mettrez la main sur tous leurs a et tous leurs z, à ces coquins.

— Compris, dit Bob en clignant de l’œil et haussant le sourcil. J’irai les voir. Je leur montrerai ce que nous savons faire. — Mais, en attendant, — ce diable d’entrefilet, — il faut qu’il passe cette nuit, vous savez ; autrement il y aura un bruit de tonnerre…

— Et il fera chaud, un peu, interrompit le metteur en page avec un soupir et en accentuant « un peu. » Écoutez, est-ce qu’il est long, cet entrefilet, Bob ?

— Je ne dirais pas qu’il est long, dit Bob.

— Eh bien, faites pour le mieux. Il faut que nous imprimions, dit le metteur en pages, qui en avait par dessus la tête. Fichez-moi tout bonnement une autre lettre