Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/16

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ploi et voulut chercher fortune ailleurs. Il se sépara en bons termes de M. White, son rédacteur en chef.

Poe quitta donc Richmond et disparut pendant plusieurs mois. On le retrouve, en été 1837, à New-York où Mme  Clemm, pour aider au jeune ménage, tint une table d’hôte. Poe écrivait à cette époque et publiait dans le Southern literary messenger les Aventures d’Arthur Gordon Pym.

Un des commensaux de la maison, M. Gowans, libraire écossais de New-York, le connut alors et retrace ses souvenirs en ces termes. Son témoignage mérite d’être cité.


« Je vais donc vous dire, écrit-il, mon opinion sur ce génie brillamment doué, mais poursuivi par le malheur. Elle peut valoir peu de chose, mais elle a le mérite de provenir d’un témoin oculaire et auriculaire, — c’est là, il faut s’en souvenir, une circonstance dont on tient grand la compte en justice. »

« Pendant huit mois et plus, nous avons habité la même maison et mangé à la même table, M. Poe et moi. Durant tout ce temps, je le fréquentai beaucoup, et j’eus occasion de converser souvent avec lui. Or jamais je ne l’ai vu le moins du monde ivre, ni se livrer en général à aucun vice. C’était une des personnes les plus courtoises, les plus distinguées, les plus intelligentes, que j’aie rencontrées dans mes voyages. »

M. Latto eut également des relations journalières avec le nouvelliste et confirme le témoignage de M. Gowans, en tous points. Il semble donc établi que Poe, à cette époque (1837-38), une de celles où il produisit le plus, n’était pas encore atteint du vice qui l’a tué.

Les Aventures d’Arthur Gordon Pym parurent en volume au commencement de 1838. Elles eurent un grand succès en Angleterre, où la critique les loua comme égalant par leur