Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/176

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deux côtés surplombaient l’eau, étaient boisés dru de chênes, de noyers, de châtaigniers et de frênes. À travers cette gorge, nous le savions, il serait extrêmement difficile de passer sans qu’on nous aperçût, même de nuit, et nos craintes qu’on ne nous attaquât, augmentèrent. Nous résolûmes de ne pas reprendre notre voyage avant le tard et d’avancer alors le plus furtivement possible. — Cependant, nous mîmes une sentinelle dans la pirogue et une sur la rive, pendant que nous nous occupions à inspecter les armes et les munitions, pour être prêts au pire.

Vers dix heures, nous nous préparions à partir, quand le chien de Thornton poussa un grognement sourd qui nous fit tous sauter sur nos carabines. La cause de cette alerte, se trouva être un Indien de la tribu des Poncas qui vint franchement à notre sentinelle de la rive et nous tendit la main. Nous l’amenâmes à bord et lui donnâmes du whisky. Il devint très-communicatif. Il nous dit que sa tribu, qui vivait quelques milles plus bas, surveillait nos mouvements depuis plusieurs jours, mais que les Poncas étaient nos amis et ne molesteraient pas les blancs. À notre retour, ils feraient des affaires avec nous. On l’avait envoyé pour que les faces pâles se gardent des Sioux, qui étaient de grands voleurs et qui nous attendaient embusqués, à 20 milles plus haut, à un coude de la rivière. Il y avait là trois bandes de Sioux, dit-il, et leur intention était de nous tuer tous pour venger une insulte faite à leur chef, il y avait bien des années, par un trappeur français.

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