Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/184

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dit un mensonge sur les intentions des Sioux et n’était positivement, malgré que nous pensions le contraire, qu’une grande sauterelle verte.

Ces derniers mots furent repris par toute la troupe, quand l’interprète les eut prononcés, et hurlés à pleine voix, afin que la médecine elle-même n’en ignorât. En même temps, la troupe se rompit en un désordre sauvage ; les guerriers se mirent à galoper furieusement, en petits cercles, faisant des gestes indécents et insultants, brandissant leurs lances, et sortant leurs flèches des carquois.

Je savais que l’attaque allait commencer. Je me déterminai donc, avant qu’aucun de nous ne fût blessé, à ouvrir les hostilités. Il n’y avait rien à gagner par un délai, et tout, par une action prompte. Dès qu’une bonne occasion se présenta, j’ordonnai de faire feu. Je fus obéi à l’instant. L’effet de la décharge fut désastreux et répondit parfaitement à notre dessein. Six des Indiens furent tués, et peut-être trois fois autant, grièvement blessés. Le reste, en proie à la plus grande panique, partit en désordre, vers la prairie, pendant que nous levions l’ancre, rechargions le canon et nous approchions du rivage. Quand nous l’atteignîmes il n’y avait pas un Titon valide en vue. Je laissai John Greely avec deux Canadiens à la garde des bateaux, débarquai avec le reste des hommes, et, allant à un sauvage, qui était blessé, mais non dangereusement, je lui parlai par le truchement de Jules. Je lui dis que les blancs étaient bien disposés pour les Sioux, et pour tous les Indiens ; que notre seul objet, en les visitant, était de prendre des