Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/185

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peaux de castor et de voir le beau pays qui avait été donné aux hommes rouges par le Grand Esprit ; que quand nous nous serions procuré autant de peaux que nous en désirions et quand nous aurions vu tout ce que nous étions venus voir, nous retournerions chez nous ; que nous avions appris que les Sioux, et spécialement les Titons, étaient une race querelleuse, que sachant cela, nous avions emporté notre grande médecine pour nous protéger ; qu’elle était exaspérée, maintenant, contre les Titons à cause de l’insulte intolérable qu’ils lui avaient faite, en l’appelant une sauterelle verte, ce qu’elle n’était nullement ; que j’avais eu grand’peine à l’empêcher de poursuivre les guerriers qui s’étaient enfuis et de sacrifier les blessés gisaient à terre ; je n’avais réussi à la calmer, qu’en me rendant responsable de la bonne conduite future des Indiens. — À cet endroit de mon discours le sauvage parut grandement soulagé et me tendit la main en signe d’amitié. Je la pris et l’assurai, lui et ses amis, de ma protection tant qu’ils ne nous molesteraient pas, faisant suivre cette promesse d’un don de 20 rouleaux de tabac, de quelque petite quincaillerie, de quelque verroterie et de flanelle rouge pour lui et les autres blessés.

Pendant tout ce temps, nous observions soigneusement si les Sioux fugitifs ne revenaient pas. Quand je finis de distribuer les présents, plusieurs Indiens apparurent dans le lointain et furent évidemment aperçus par les sauvages mis à mal. Mais je pensai qu’il valait mieux n’y faire aucune attention et, peu après, je retournai aux bateaux.