Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/197

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gélatineuse comme les nageoires de la plie. Une queue de castor suffit à fournir un repas abondant à trois hommes. Nous avons fait 20 milles avant la nuit.

2 mai. Nous eûmes un bon vent ce matin et nous nous servîmes de voiles jusqu’à midi. À ce moment, la brise devint trop forte et nous nous arrêtâmes. Nos chasseurs se mirent en campagne et revinrent bientôt avec un immense élan que Neptune avait forcé après une longue poursuite, l’animal n’ayant été que légèrement blessé par un coup à chevrotines. Il avait six pieds de haut. Nous prîmes également une antilope à la tombée de la nuit. Dès que cette bête avait vu nos hommes elle était partie avec une vélocité extrême. Mais après quelques minutes, elle était revenue sus ses pas, apparemment par curiosité, — puis elle était repartie de nouveau en bondissant. Elle répéta ce manège plusieurs fois, venant toujours plus près ; jusqu’à ce qu’elle se hasarda à portée de fusil, et que la balle du Prophète l’abattit. Elle était maigre et pleine. Ces antilopes, quoique extrêmement agiles, nagent mal et tombent fréquemment en proie aux loups, quand elles tentent de passer un cours d’eau. Nous avons parcouru aujourd’hui 12 milles.

3 mai. Ce matin nous avons fait une bonne traite. À la nuit nous avions parcouru 30 milles. Le gibier continue à être abondant.

Le long du rivage gisait un grand nombre de buffles morts. Nous en voyions dévorer les carcasses par les loups. Ceux-ci, s’enfuyaient toujours à notre approche. Nous ne savions que penser de toutes ces bêtes