Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/105

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la moindre intention de vous froisser… Mademoiselle Laplace, M. de Kock a l’honneur de boire à votre santé. »

À ces mots, M. de Kock fit un profond salut, envoya du bout des doigts un baiser cérémonieux à sa voisine et vida son verre, tandis que mademoiselle Laplace répondait à son toast.

« Permettez-moi, dit à son tour M. Maillard en s’adressant à moi, de vous servir une tranche de veau à la Sainte-Ménéhould ; — vous le trouverez excellent. »

Trois robustes serviteurs venaient, non sans peine, de déposer sain et sauf sur la table un énorme plat, ou plutôt un immense tranchoir où s’étalait quelque chose que je pris pour le

Monstrum horrendum, informe, ingens, cuilumen ademptum ;

mais une inspection plus rapprochée me démontra que ce n’était qu’un jeune veau rôti, servi tout entier, agenouillé sur ses jambes de devant, avec une pomme dans la bouche, ainsi qu’on accommode les lièvres en Angleterre.

« Merci, répondis-je ; je vous avoue que je n’ai pas un faible très-prononcé pour le veau à la… comment dites-vous ? Je trouve que ce plat convient peu à mon estomac. Toutefois, je changerai d’assiette pour goûter de ce lapin. »