Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/112

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Mes nerfs furent sensiblement affectés par ces clameurs ; mais je ne pus m’empêcher de plaindre mes commensaux. Jamais, depuis que je suis au monde, je n’ai vu des gens raisonnables plus atrocement effrayés. Ils devinrent aussi blêmes que des cadavres ; pelotonnés au fond de leurs sièges, l’oreille au guet, ils se mirent à trembler et à grimacer de terreur. Les vociférations se firent entendre de nouveau, — plus élevées et plus rapprochées en apparence, — puis elles retentirent une troisième fois avec beaucoup plus d’énergie, — puis une quatrième, mais avec moins d’intensité. À cette cessation apparente du bruit, les convives reprirent aussitôt courage ; ils se ranimèrent et se remirent à causer comme auparavant. Je me permis alors de demander la cause du vacarme.

« Une bagatelle ! dit M. Maillard. Nous sommes habitués à ces incidents, et nous nous en préoccupons fort peu. De temps à autre, nos pensionnaires s’avisent de hurler à l’unisson ; l’un excite l’autre, ainsi qu’il arrive la nuit parmi une meute de chiens. Cependant ces concertos sont parfois suivis de tentatives de révolte, et alors il y a, jusqu’à un certain point, péril en la demeure.

— Et combien avez-vous de pensionnaires ?

— Pas plus d’une dizaine pour le moment.