Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/17

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sculpteurs italiens de la bonne époque, — ni sur les vastes ébauches de l’Égypte encore inhabile. De tous les côtés, de riches draperies tremblaient aux vibrations d’une invisible musique, douce et triste. Je me sentis oppressé par un mélange de parfums que répandaient des encensoirs aux formes bizarres, d’où jaillissaient en même temps des langues de flamme bleue ou verte, qui tantôt flamboyaient et tantôt vacillaient. Les rayons du soleil levant se projetaient sur cette scène, à travers des croisées formées d’une seule vitre cramoisie. Enfin, réfléchie en mille endroits par des rideaux qui tombaient des corniches comme une cataracte d’argent en fusion, la lumière du soleil vint se mêler capricieusement au jour artificiel, et baigner, en masses adoucies, un riche tapis de drap d’or qui brillait comme une nappe d’eau[1].

« Ah ! ah ! ah ! fit mon hôte, qui, après m’avoir indiqué un siège, se rejeta en arrière et s’allongea sans façon sur une causeuse. Je vois, continua-t-il en s’apercevant que je ressentais la singularité de son accueil, je vois que mon appartement, mes statues, mes tableaux, l’originalité de mes idées en

  1. Dans un article intitulé : La Philosophie de l’ameublement, Poe reproche à ses compatriotes de n’aimer que le clinquant et la verroterie ; le modèle qu’il leur offre ici ne paraît guère de nature à les corriger.