Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/38

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verdure se fanèrent, et les asphodèles d’un rouge de rubis dépérirent un à un ; on vit s’élever à leur place, dix par dix, des violettes foncées, semblables à des yeux humains et toujours chargées de rosée, qui se tordaient d’un air inquiet. Et la vie disparut aussi de nos sentiers : car le flamant à la taille élevée ne se pavana plus devant nous dans son plumage écarlate ; il s’envola tristement de la vallée vers les collines, en compagnie de tous les gais et brillants oiseaux qui l’avaient accompagné lors de son arrivée. Et les poissons d’or et d’argent remontèrent vers le ravin, à l’extrémité de notre domaine, et ne brillèrent plus jamais dans la charmante rivière. Et la mélodie assoupissante, qui naguère paraissait plus douce encore que celle de la harpe aérienne d’Éole et plus divine que quoi que ce soit au monde, sauf la voix d’Éléonore, s’éteignit peu à peu, se changeant en un murmure de plus en plus vague, jusqu’à ce que la rivière retombât enfin dans la solennité de son silence d’autrefois. Puis, en dernier lieu, le vaste nuage, s’élevant dans les airs, abandonna le sommet de la montagne à son ancienne obscurité, regagna les régions de l’Hespérus et dépouilla ainsi la Vallée-aux-Herbes-Multicolores de tout un monde d’auréoles éclatantes.

Mais Éléonore n’oublia pas ses promesses ; car