Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/52

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si exquis du beau ! La dame, il est vrai, semblait lui porter une affection des plus vives, surtout lorsqu’il n’était pas présent, et elle se rendait ridicule par ses nombreuses citations de ce qu’avait dit ou pensé son cher mari. Elle avait sans cesse le mot mari sur le bout de la langue, pour employer une des élégantes expressions qu’elle affectionnait. Quant à Wyatt, tout le monde à bord put voir qu’il évitait sa femme de la façon la plus marquée et se tenait la plupart du temps renfermé dans sa cabine, laissant madame se divertir comme elle l’entendait.

Je supposai, d’après ce que je voyais et entendais, que l’artiste, par un caprice inexplicable du sort, ou peut-être dans un accès d’engouement, s’était uni à une personne inférieure à lui sous tous les rapports, et qu’un rapide et complet dégoût avait été la conséquence de cette union malheureuse. Je le plaignais du fond du cœur ; mais ce n’était pas une raison pour lui pardonner son manque de franchise relativement à la copie de la Sainte Cène et je comptais bien le punir de son peu de confiance.

Un jour qu’il se promenait sur le pont, je lui pris le bras et me mis à causer avec lui en marchant. Sa tristesse, qui me parut fort naturelle lorsque je songeai à sa position, était loin d’avoir