Page:Poe - Derniers Contes.djvu/184

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faitement comme travailleur dans la Boue.

Mais il n’y a jamais eu d’idée plus erronée que de croire qu’on n’a pas besoin de cervelle pour ce métier. Surtout, on ne peut rien faire en ce genre sans méthode. Je n’ai opéré, il est vrai qu’en détail ; mais grâce à mes vieilles habitudes de système, tout marcha sur des roulettes. Je choisis tout d’abord mon carrefour, avec le plus grand soin, et je n’ai jamais donné dans la ville un coup de balai ailleurs que . J’eus soin, aussi, d’avoir sous la main une jolie petite flaque de boue, que je pusse employer à la minute. À l’aide de ces moyens, j’arrivai à être connu comme un homme de confiance ; et, laissez-moi vous le dire, c’est la moitié du succès, dans le commerce. Personne n’a jamais manqué de me jeter un sou, et personne n’a traversé mon carrefour avec des pantalons propres. Et, comme on connaissait parfaitement mes habitudes en affaires, personne n’a jamais essayé de me tromper. Du reste, je ne l’aurais pas souffert. Comme je n’ai jamais trompé personne, je n’aurais pas toléré qu’on se jouât de moi. Naturellement je ne pouvais empêcher les fraudes des chaussées. Leur