Page:Poe - Derniers Contes.djvu/248

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interrompit Sa Majesté ; « n’en dites pas davantage. — Je comprends. » Et là-dessus, ôtant ses lunettes vertes, il en essuya soigneusement les verres avec la manche de son habit, et les mit dans sa poche.

Si l’incident du livre avait intrigué Bon-Bon, son étonnement s’accrut singulièrement au spectacle qui se présenta alors à sa vue. En levant les yeux avec un vif sentiment de curiosité, pour se rendre compte de la couleur de ceux de son hôte, il s’aperçut qu’ils n’étaient ni noirs, comme il avait cru — ni gris, comme on aurait pu l’imaginer — ni couleur noisette, ni bleus — ni même jaunes ou rouges — ni pourpres ni bleus — ni verts, — ni d’aucune autre couleur des cieux, de la terre, ou de la mer. Bref, Pierre Bon-Bon s’aperçut clairement, non seulement que Sa Majesté n’avait pas d’yeux du tout, mais il ne put découvrir aucun indice qu’il en ait jamais eu auparavant, — car à la place où naturellement il aurait dû y avoir des yeux, il y avait, je suis forcé de le dire, un simple morceau uni de chair morte.

Notre métaphysicien n’était pas homme à négliger de s’enquérir des sources d’un