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fut brusque par l’intervention d’un gaillard du nom de Mob[1], qui prit tout en mains, et établit un despotisme, en comparaison duquel ceux des Zéros[2] fabuleux et des Hellofagabales[3] étaient dignes de respect, un véritable paradis. Ce Mob (un étranger, soit dit en passant) était, dit-on, le plus odieux de tous les hommes qui aient jamais encombré la terre. Il avait la stature d’un géant ; il était insolent, rapace, corrompu ; il avait le fiel d’un taureau avec le cœur d’une hyène, et la cervelle d’un paon. Il finit par mourir d’un accès de sa propre fureur, qui l’épuisa. Toutefois, il eut son utilité, comme toutes choses, même les plus viles ; il donna à l’humanité une leçon que jusqu’ici elle n’a pas oubliée — qu’il ne faut jamais aller en sens inverse des analogies naturelles. Quant au républicanisme, on ne pouvait trouver sur la surface de la terre aucune analogie pour le justifier — excepté le cas des « chiens de prairie », — exception qui, si elle prouve quelque chose, ne semble démontrer que ceci, que la démocratie est la plus

  1. Populace.
  2. Héros.
  3. Héliogabale.